Peu de familles concrétisent autant que les Schaetzen Ie lien entre une lignée et un terroir. Depuis au moins six siècles, en effet, les Schaetzen sont a Tongres, ville a laquelle ils ont donne neuf bourgmestres depuis 1460, Ie dernier, Ghislain, ayant exerce cette fonction entre 1990 et 1995. Ci-dessous, un bref aperçu historique de la famille Schaetzen largement inspiré de l’article de Christophe de Fossa paru dans le mensuel l’Eventail en mai 1998. Pour des informations plus détaillées veuillez vous référerer aux livres mentionnés dans la section publications du présent site.
Neuf Schaetzen furent bourgmestres de Tongres de 1460 a 2005.
Cinq furent parlementaires et quatre conseillers provinciaux du Limbourg.
Jean († av 1477)
La filiation remonte à Jean Schaetzen, cité dès 1383 à Wellen, une bourgade située non loin de Looz, où il fit relief de quelques biens lui venant d’un aïeul. Dès ce moment, cependant, les Schaetzen étaient liés à Tongres car un document de 1403 désigne ce Jean sous Ie nom de “Joannes Scaetsen de Tongris”. Il y possédait en effet une maison dans Ie haut de la rue de Maestricht. C’est de la famille de sa mère, Alette de Henis, que son petit-fils Arnold hérita ce prénom, porté par de nombreux descendants. Il accéda en 1460 à la fonction de bourgmestre de Tongres. Le prince-éveque de Liège était a I’époque Louis de Bourbon, sous Ie règne duquel Charles Ie Téméraire détruisit Dinant et Liège. Après le sac de Dinant en 1466, le Téméraire réclama cinquante otages pour garantir le versement des indemnités imposées aux villes. Parmi ces otages figuraient six notables de Tongres dont Arnold Schaetzen. Celui-ci fut nommé par la suite échevin de la haute justice du comté de Looz; il fit son testament le 30 août 1482. Arnold Schaetzen, un de ses fils, fut à son tour plusieurs fois bourgmestre de Tongres et, en 1517, il fut désigné comme membre du tribunal des XXII chargé de trancher entre autres conflits ceux qui renaissaient périodiquement entre le prince et les villes. En revanche, François, fils de ce deuxième Arnold, n’eut pas la vocation des charges civiques. Un mémoire rédigé par un de ses descendants en 1642 nous apprend qu’il fut grand chasseur et maître de vénerie. Habitant la “Gulden Hooft” (Tête d’Or) dans la rue de Maestricht, il y entretenait journellement vingt chiens et parfois d’avantage. D’où le dicton “avoir autant d’argent que Schaetzen possède de chiens”. François connut cependant bien des misères au cours de son existence et mourut de la peste en 1577. Son fils Arnold dut se résigner quelques années plus tard à vendre la “Tête d’Or”.
Arnold († 1644)
C’est avec un autre Arnold, le fils du précédent, que commence en 1599 une nouvelle ère pour les Schaetzen, qui pendant six générations, jusqu’au terme de l’Ancien Régime, lieutenants de fiefs de la famille de Renesse à la cour de s’Heeren Elderen. Au cours de cette période, quatre Schaetzen furent en outre notaires ; si l’on y ajoute les trois Schaetzen notaires au XXième siècle, ce sont sept Schaetzen qui furent notaires de 1643 à nos jours.
Grâce à Arnold, les Schaetzen vont retrouver le chemin de la prospérité. Dès 1651, il racheta la “Schaetzenhoeff ” aliénée par son bisaïeul. Son fils Arnold-Guillaume lui succéda. Il vécut le drame de l’incendie de Tongres par les Français en 1677. C’était alors la guerre de Hollande qui entraîna l’apogée du règne de Louis XIV mais combien de misères pour les victimes de la soldatesque.
Udalric-Joseph (1677-1720)
C’est Udalric-Joseph, fils cadet d’Arnold Guillaume, qui avait succédé à son père en tant que lieutenant des fiefs de Renesse. Cadet de la famille, il fut échevin de Tongres dès 1707. Il eut neuf enfants dont cinq consacrèrent leur vie à Dieu : deux béguines, un prêtre, un récollet et un chanoine régulier et prieur du monastère de Flône. C’est leur frère Arnold qui perpétua le nom. Elu par deux fois bourgmestre, il devint en outre en 1743 secrétaire ou greffier du magistrat, charge conférée à vie et donc très recherchée. Les secrétaires assumaient l’administration effective de la ville. Arnold eut trois enfants dont Georges-Frédéric, secrétaire communal de Tongres qui épousa en 1788 Joséphine van der Maesen de Weyerhof, sœur d’un aide de camp du prince d’Orange.
Leur fils Louis-Ulric fut le premier parlementaire de la famille. A l’époque, on pouvait cumuler des fonctions dans les pouvoirs législatif et judiciaire. Il fut donc entre 1833 et 1836 député de l’arrondissement de Maestricht et, en même temps, vice-président du tribunal de Tongres. Par la suite, il privilégia sa carrière de magistrat qu’il termina en tant que président de Chambre à la Cour d’appel de Liège en 1866 et 1867. En 1876, il obtint concession de noblesse et du titre de chevalier transmissible à tous ses descendants mâles.
Oscar-Joseph (1836-1907)
De son mariage avec Marie-Thérèse de Bellefroid, Louis-Ulric eut entre autres un fils Oscar. Conseiller communal de Tongres dès 1864, échevin douze ans après, celui-ci ne fut jamais bourgmestre mais, de 1881 à 1894, il siégea à Bruxelles comme député. On était alors en pleine guerre scolaire qui animait également le conseil communal de Tongres, où Oscar faisait l’objet d’attaques virulentes des Libéraux. Ceux-ci le traitaient ” d’esclave obéissant du clergé” et “d’ennemi implacable de l’enseignement public” désireux de transformer Tongres en “capucinière”! Mais Oscar ne s’intéressait pas uniquement à l’enseignement. Son arrondissement étant principalement agricole, il participa en 1887 à la mise en place du syndicat agricole tongrois et à des tentatives de création d’une sucrerie. Il fut en outre en 1873 un des fondateurs de la banque qui allait devenir huit ans après la banque Oscar Schaetzen.
Oscar trouva, malgré tout, le temps de collectionner des céramiques romaines, de se marier deux fois et d’élever douze enfants. Parmi eux, quatre fils firent souche et sont à l’origine des quatre branches de la famille.
De sa première épouse et cousine Hortense Schaetzen, morte prématurément, Oscar-Joseph n’eut qu’un fils Ludovic, qui épousa en 1884 Caroline van Brienen. Leurs enfants furent adoptés en 1943 par leur tante Ferdinande van Brienen, d’où le nom de Schaetzen van Brienen porté aujourd’hui par la branche aînée de la famille. Louis, fils aîné, fut le premier président de l’association familiale fondée en 1949. Son frère Georges épousa à Otrange en 1913 Juliette Breuls. Bourgmestre de Bommershoven, il fut à son tour député de Tongres, de 1933 à 1936. Leur fils, le Chevalier Norbert de Schaetzen van Brienen mourut pour la Belgique à Drenstinfurt (Allemagne) en 1945 à l’âge de 24 ans. Son frère Jean est l’actuel chef de famille. Il habite le château d’Otrange, hérité des Breuls. Un autre frère, Stany, qui fut bourgmestre de Widooie, a repris le château de Terhove. Charles, frère cadet de Georges, épousa en 1919 Mathilde d’Udekem d’Acoz. Le ménage habita le château de Hardelingen, à Hern-Saint-Hubert, où avait vécu Oscar. Un de leur fils, le Chevalier Hubert de Schaetzen van Brienen, ancien président de l’association familiale, est l’auteur d’une biographie de leur bisaïeul Oscar-Joseph.
Les onze autres enfants d’Oscar naquirent du second mariage de celui-ci avec Marie de Corswarem. Deux des fils de ce second lit, Paul (président du tribunal de première instance de Tongres) et Joseph, furent créés barons par Léopold III en 1939. Marcellin dit Marcel, fils de Joseph, chef de bureau du Service de la noblesse au ministère des Affaires étrangères, dirigea “l’Annuaire de la noblesse belge”. Il fut en outre chancelier de l’Ordre du Saint-Sépulcre pour la Belgique. En 1949, il obtint l’autorisation pour lui et ses descendants d’ajouter à leur nom celui de “de Schaetzenhoff”, nom de la vieille cour qui appartenait dès le quinzième siècle aux Schaetzen. Oscar et Erard de Schaetzen, frères cadets de Marcel furent créés à leur tour barons par le roi Baudouin en 1971. Oscar fut banquier à l’instar de son aïeul et homonyme. Il créa sa propre banque, à Liège, dès 1928 et présida également la s.a. Photo Produits Gevaert. Mais sa grande passion, ce furent les orfèvreries liégeoises, qu’il collectionna tout au long de sa vie. Il publia trois ouvrages sur le sujet, le premier chez Mercator, les deux autres chez les Bibliophiles liégeois. Quant à Erard, notaire décédé en octobre 1997, il fut bourgmestre de Tongres durant 18 ans et sénateur CVP de 1954 à 1968. Son fils Ghislain, qui lui a succédé en tant que notaire, fut à son tour bourgmestre de 1990 à 1995.
Autre fils du second mariage d’Oscar, François, dit Franz fut bourgmestre de Nerem et commissaire d’arrondissement de Tongres-Maeseyck et, de 1911 à 1929, il siégea à la Chambre où il représenta, bien entendu, l’arrondissement de Tongres. Il eut trois fils dont le cadet, Guy, qui habitait le château de Scherpenberg à Nerem, fut président de la Cour de Cassation. Il publia en 1975 une très vivante histoire de sa famille sous l’Ancien Régime.
Quant au Chevalier Arnould, dernier des fils d’Oscar à avoir fait souche, il fut échevin de Tongres. La descendance d’Arnould n’a pas donné moins de quatre missionnaires : Adrien, vicaire général de l’archevêché de Kinshasa ; Elisabeth, dame de l’Assomption au Brésil ; Agnès, religieuse hospitalière du Sacré-Cœur au Venezuela et Arnould, Père Blanc au Rwanda, puis au Brésil et au Kenya et finalement en Tanzanie. Un de ses arrière-petits-fils Didrik est président de l’association familiale depuis 2016.